We’ve updated our Terms of Use to reflect our new entity name and address. You can review the changes here.
We’ve updated our Terms of Use. You can review the changes here.

Orl​é​ans​.​.​. une Île

by Michel Dufresne

/
1.
J’ai dans la tête la mémoire D’un coin de terre à protéger, Une chapelle, un vieux manoir, Une maison, un potager, Sur cette côte de Beaupré Et sur cette île d’Orléans Qui regardent vers l’océan Entre deux caps et deux marées... Sur cette côte de Beaupré Et sur cette île d’Orléans Qui regardent vers l’océan. J’ai dans la tête la mémoire D’une aventure à raconter De la conquête aux années noires, Nos longs hivers et nos étés, Sur cette côte de Beaupré Et sur cette île d’Orléans Qui ne tenaient qu’à quelques rangs, À quelques hameaux égarés... Sur cette côte de Beaupré Et sur cette île d’Orléans Qui ne tenaient qu’à quelques rangs. J’ai dans la tête la mémoire D’un ancien chemin cabossé, Un train couvert de fumée noire, Un pont de fer à traverser De cette côte de Beaupré Jusqu’à cette île d’Orléans Où l’on a tous un grand-parent Ou un ancêtre d’enterré... De cette côte de Beaupré Jusqu’à cette île d’Orléans Où l’on a tous un grand-parent. J’ai dans la tête la mémoire D’un coin de terre à protéger, Plein de photos dans une armoire, Des souvenirs à partager Sur cette côte de Beaupré Et sur cette île d’Orléans Qui regardent tout droit devant Malgré les vents et les marées... Sur cette côte de Beaupré Et sur cette île d’Orléans Qui regardent tout droit devant. J’ai dans la tête la mémoire... D’un coin de terre à partager.
2.
Passé le pont, la grand’ côte et l’entrée de l’île Et tout ce qui ressemble à la ville, Passé le premier des deux villages vers l’est Et les vieilles maisons qui en restent. Passé les champs d’orge, les granges, les silos, Les troupeaux de chevaux en enclos, Passé les vignobles perchés sur les coteaux, Les vergers traversés de cours d’eau. Passé l’autre côte et la route du Mitan, Le deuxième village d’antan, Passé la grand’ courbe qui monte sur les crans, Plus haut que l’ancien chemin de rang. Passé le tronçon qui passe devant l’étang Où les gens vont passer du bon temps, Passé les Dion et les deux frères Gagnon... Et tu te tourneras vers le nord. Au bout d’une allée perdue et jonchée de glands, Une longue demeure en bois blanc... Et si malgré tout cela je n’étais pas là, Tu te souviendras d’être passé.
3.
Un coin de paradis pas très loin de la ville, À l’autre bout de l’île où commence la mer, Juste un hameau tranquille où les saisons défilent Sans qu’il ne nous revienne un souvenir amer. J’y retrouve l’enfance, Des traces de la France Dans la ligne d’un toit, Dans les mots d’un patois, Et le même silence De ces journées dans l’anse Quand le ciel était gris Et sourd malgré nos cris. Un coin de paradis pas très loin de la ville, (…)  J’y retrouve l’espace, Le fleuve à marée basse, Les battures sans fin Recouvertes de foin, Et ces oiseaux qui passent Et sans cesse repassent Au-dessus des rochers Sans jamais se poser. Un coin de paradis pas très loin de la ville, (…) J’y retrouve Camille, La maison, la famille, Les gestes anodins De nos petits matins, Et Julie notre fille Qui se recroqueville Dans son lit au grenier Pour lire et dessiner. Un coin de paradis… Où l’on voudrait finir sa vie.
4.
Voler 04:11
Des oiseaux tout de blanc qui arrivent Droit du sud un matin de printemps Comme neige tombée sur nos rives, Sur le bleu des étangs. Des oiseaux tout de noir qui croassent Dans la douce moiteur de juillet Quand les bancs de nuages s'entassent Au delà des forêts. Et soudain comme d'autres je rêve De pouvoir un instant m'envoler Au-dessus des villages, des grèves... Oui, voler ! Des oiseaux de marais immobiles Dans les herbes, les joncs déjà hauts, Des mouettes qui squattent la ville Où il y a de l'eau. Des grands oiseaux de proie qui surveillent Dans des boucles, des cercles sans fin, Des urubus qui planent, des aigles, Des faucons qui ont faim. Et soudain comme d'autres je rêve De pouvoir un instant m'envoler Au-dessus des villages, des grèves... Oui, voler ! Des oiseaux tout de blanc qui repartent Quand l'automne a repris ses couleurs Sous les coups des fusils qui éclatent Aux premières lueurs. Les derniers cerfs-volants que l'on tire Au milieu des oiseaux qui s'enfuient, Les fumées des maisons qui s'étirent Jusque tard dans la nuit. Et soudain comme d'autres je rêve De pouvoir un instant m'envoler Au-dessus des villages, des grèves... Oui, voler ! Et soudain comme d'autres je rêve De voler.
5.
C’était un gars de la Côte, Une fille du bout de l’Île, Le gars d’un gars de la Côte Et la fille d’un gars de l’Île, Qui de part et d’autre habitaient chez leurs parents, Sur le bord de l’eau, sur le bord du Saint-Laurent, Comme tous les gars et les filles sur la Côte et l’Île... Qui de part et d’autre habitaient chez leurs parents, Sur le bord de l’eau, sur le bord du Saint-Laurent, Comme tous les gars et les filles sur le même rang. C’est un matin sur les glaces Tout juste entre la Côte et l’Île, Au milieu d’un pont de glace À peine visible et fragile, Qu’ils se sont croisés tirés par leurs chevaux blancs, Comme dans les films où tous les gestes sont lents, Alors qu’ils allaient fêter Noël sur la Côte et l’Île... Qu’ils se sont croisés tirés par leurs chevaux blancs, Comme dans les films où tous les gestes sont lents, Alors qu’ils allaient fêter Noël et le Jour de l’An. Mais comme dans tous ces contes, Ces histoires de Dame blanche, Le destin a joué contre, À la façon d’une avalanche, La glace du pont s’est tout d’un coup déchirée Sous les sabots gris des chevaux désemparés, Ils se sont noyés quelque part entre la Côte et l’Île... La glace du pont s’est tout d’un coup déchirée Sous les sabots gris des chevaux désemparés, Ils se sont noyés sans même avoir pu se rencontrer. C’était un gars de la Côte, Une fille du bout de l’Île, Le gars d’un gars de la Côte Et la fille d’un gars de l’Île. Ce n’est qu’à l’été qu’on a retrouvé leurs corps Enfin réunis dans un étrange décor, Sur un banc de sable apparu entre la Côte et l’Île... Ce n’est qu’à l’été qu’on a retrouvé leurs corps Enfin réunis dans un étrange décor, Et quelqu’un m’a dit qu’à son village on en parle encore.
6.
Quai du Nord 03:59
Une jetée de pierre En crinière, Quelques pièces de bois Aux abois, Comme un mur qui s’enfonce Dans le sable et les ronces, Comme un pont qui se perd Dans la mer... Comme un mur qui s’enfonce Dans le sable et les ronces, Comme un pont qui se perd Dans la mer. Quai du Nord, Quai du Nord... Oublié sur l’estran. Quai du Nord, Quai du Nord... Égaré dans le temps. Trois saules qui se dressent Sur ses restes, Trois saules déjà vieux Et noueux, Comme autant de géants Qui retiennent ses flancs Et qui veillent sur lui Jour et nuit... Comme autant de géants Qui retiennent ses flancs Et qui veillent sur lui Jour et nuit. Quai du Nord, Quai du Nord... (...) Et je songe aux bateaux D’autrefois Qui venaient tard ou tôt Pour le bois, Chaque fois que je passe À marée haute ou basse Et que je vois au large Une barge... Chaque fois que je passe À marée haute ou basse Et que je vois au large Une barge. Quai du Nord, Quai du Nord... (...)
7.
Le Mitan 03:28
Un chemin de traverse Aux allures d’antan Dans la campagne verte Et hors du temps, Que l’on ferme en hiver, Que l’on rouvre au printemps Tout croche et de travers... C’est le Mitan. On y roule à basse vitesse Comme au temps de nos grands-parents, Quand les filles portaient des tresses, Les garçons des habits trop grands. Sur la butte on fait une halte Pour cueillir des fraises des champs, On se dit des choses banales, On repart tout droit vers Saint-Jean. Un chemin de traverse (...) On s’y perd sans vraiment s’y perdre Les journées de brouillard épais, Quand les rangs de piquets de cèdre Nous font croire au Temps d’une paix. Mais les cris au loin des corneilles Nous ramènent vite à la vie Dans cette plaine qui sommeille À quelques milles de la ville. Un chemin de traverse (...) Puis un jour au mitan de l’âge, De retour d’un dernier exil, On repasse par son village, On refait le tour de son île. Et sans même qu’on se le dise, On emprunte le vieux chemin, On revit toutes ses bêtises, On voudrait qu’hier soit demain. Un chemin de traverse (...)
8.
Et j’imagine des îles Et je vois des bateaux blancs, Des quais, des maisons, des villes Sur le bleu de l’océan, Et dans les rues de ces villes De plus de quatre mille ans Plein de monde qui défile, Plein de monde, plein d’enfants. Quand je regarde les barges Descendre le Saint-Laurent Entre deux bouées au large De mon île d’Orléans, Lorsque je parcours les pages Des journaux en me levant, Qu’on me parle encor d’otages, De l’Afrique et de l’Orient. Et j’imagine ce monde Sur les places de marché À l’heure où la chaleur monte, Où certains vont se coucher, Des hommes, des voix qui grondent À la porte des mosquées, Des femmes aux formes rondes Sous des visages masqués. Quand je regarde les barges (...) Et j’imagine des jeunes Qui peuvent aussi nous voir Sur des sites, sur des chaînes Qui leur offrent de l’espoir, Des jeunes de tous les âges, Des jaunes, des blancs, des noirs, Qui refusent d’être sages, Qui contestent le pouvoir. Quand je regarde les barges (...) Et j’imagine des îles Et je vois des bateaux blancs, Des quais, des maisons, des villes Sur le bleu de l’océan.
9.
Une barque échouée sur les pierres Tout au fond de cette anse à Lafleur, La rivière, La rivière de mes coups de coeur. Une maison dressée sur la rive, Une simple maison de bois blanc, Un peu ivre Des embruns venus de l’océan. On l’appelait la «maison du diable» Quand je n’étais encor qu’un enfant, Elle était vide et plutôt macabre, Ses volets arrachés par le vent. Une barque échouée comme celles Des chaloupiers de l’anse à Lafleur, Tout de cèdre, Qui n’ont jamais connu de moteur. Une école de fond de paroisse À l’entrée de ce bout de chemin, Que l’on croise Au hasard de sa route un matin. Et toujours cette «maison du diable» Où ma grand-mère un jour serait née, Cette grève de galets, de sable De ses toutes premières années. Et quand l’eau des soirs calmes remonte Tout au fond de cette anse à Lafleur, Seul au monde, Je revis mes plus beaux coups de coeur.
10.
C’étaient mes ancêtres Blouin, Cloutier, St-Pierre, Comme d’autres venus de loin Par la rivière, Mes arrière-arrière-parents Du tout début des premiers rangs, Du début des premières terres De l’estuaire. C’était mon ancêtre Petit, Pierre Petit dit de St-Pierre, Venu tout droit de Normandie, D’Évreux, paroisse de Saint-Pierre, Venu comme soldat du Roy Sans se douter de tout ce froid Et que sa vie serait la terre Plus que la guerre. Pierre Petit St-Pierre Et Médéric et Zacharie Et tous ces autres qu’on oublie. Pierre Et tous les Pierre Et toutes les autres Marie De ce pays. C’était l’ancêtre Médéric Venu de Saint-Pierre au Poitou, Le premier Blouin d’Amérique À risquer le tout pour le tout Sur une terre de Saint-Jean, Saint-Jean de l’île d’Orléans, Sur une terre en bois debout Et loin de tout. C’était l’ancêtre Zacharie, Zacharie Cloutier de Mortagne, Un autre gars de Normandie Comme il nous en vint de Bretagne, Dont je descends par Azélie Née du côté de Montmagny Et qu’allait marier mon grand-père Petit St-Pierre. Pierre (...) C’étaient mes ancêtres Cloutier, Blouin, St-Pierre, Dont je suis un peu l’héritier À ma manière, Mes arrière-arrière-parents Dont je ne porte pas pourtant Le nom... mais juste un peu du sang Dans mes artères. Pierre (...)
11.
Toi aussi 04:23
J’aimais bien les voyages Du côté de Percé, Les caps et les rivages Et au loin le rocher, Les sorties sur la plage Au soleil de midi... J’aimais bien les voyages, Tu aimais toi aussi. Ce n’était pas bien sûr Paris ni le Pérou, Ni la Côte d’Azur, C’était juste chez nous. J’aimais bien les voyages Du côté de Tadou, Les ciels de fin d’orage Et le vent du mois d’août, Les sirènes du large Au milieu de la nuit... J’aimais bien les voyages, Tu aimais toi aussi. Ce n’était pas bien sûr (...) J’aimais bien les voyages Du côté de Berthier, Les grandes oies sauvages Et le foin sous nos pieds, Plein de sons et d’images Et plein de poésie... J’aimais bien les voyages, Tu aimais toi aussi. Ce n’était pas bien sûr (...) J’aimais bien les voyages Tout au bout de mon champ, Parfois jusqu’au village Ou celui de Saint-Jean, Le bon pain de ménage Et le vin de cassis... J’aimais bien les voyages, Tu aimais toi aussi. Ce n’était pas bien sûr (...) J’aimais bien les voyages Même sans voyager, Les yeux dans les nuages À toujours te chercher. Je n’avais plus ton âge, Mais c’était comme si... J’aimais bien les voyages, Tu aimais toi aussi.
12.
Comme un grand jardin, Comme un grand lac qui vous enivre Avec plein de vie autour Et plein d’histoire toujours vive, Et dans les gradins De ce théâtre des deux rives Je laisse passer mon tour, Passer le temps, passer les jours. Tu habites sur la Côte Et tu vois l’Île à ta fenêtre, Tu n’as qu’à monter la côte Et tu vois la mer apparaître. Comme un grand jardin, (...) Et quand reviennent les glaces Sur le chenal du nord de l’Île, Quelques-uns quittent la place Pour s’en retourner à la ville. Comme un grand jardin, (...) Mais qu’elle soit blanche ou verte, La Côte ou l’Île à ta fenêtre, Tu gardes ta porte ouverte, Tu sais qu’un jour tout va renaître. Comme un grand jardin, (...)
13.
Tu parlais de partir Au moindre frisson dans les mats et les haubans, Tu parlais de partir Et de retourner vers le golfe et les grands bancs. Ta vie était sur l’eau Comme pour d’autres dans les bois. Tu étais matelot, Rien d’autre ne faisait le poids. Ta vie était sur l’eau Mais pas sur celle d’un étang, Et ce depuis déjà longtemps. Tu parlais de partir Par le chenal et de regagner l’océan, Tu parlais de partir Avant que la neige ne reste dans les champs. Ta vie était sur l’eau, Tu le répétais chaque fois. Les tempêtes, les flots Ne te faisaient ni chaud ni froid. Ta vie était sur l’eau Même quand il faisait gros temps, Et ce depuis déjà longtemps. Tu parlais de partir Sur ton bateau couché dans la baie sur le flanc, Tu parlais de partir Avant que le fleuve ne gèle et ne soit blanc. Ta vie était sur l’eau, Pas sur une terre du Roy. Tu disais : Sur un lot, Je me sentirais à l’étroit... Ta vie était sur l’eau, Pas dans la peau d’un habitant, Et ce depuis déjà longtemps. Tu parlais de partir Un bon matin de ton village de Saint-Jean, Tu parlais de partir Voir d’autres pays, d’autres îles, d’autres gens. Mais il a gelé tôt Cette année-là bien plus qu’avant, Neigé sur ton bateau Resté dans la baie sur le flanc, Et tu n’as repris l’eau Qu’entre Noël et le printemps... Ton tout premier depuis longtemps.

about

Album constitué pour moitié de chansons originales et, pour l'autre moitié, de chansons tirées d'albums précédents du même auteur-compositeur et traitant également de l'île d'Orléans.

credits

released June 19, 2014

Paroles et musiques, interprétation vocale
et participation aux arrangements : Michel Dufresne

Arrangements et accompagnements (claviers, guitares, basse, accordéon, flûte, mandoline, batterie, percussions et effets spéciaux) : Sylvain Dominic Simard

Clarinette et saxophone : Martin Desjardins

Accordéon (pour "Toi aussi") : Nadia Delisle

Prise de son, mixage et matriçage : Sylvain Dominic Simard
(studio : sydproduction)

Conception graphique et photos : Michel Dufresne

Production : Michel Dufresne (2014)

license

all rights reserved

tags

about

Michel Dufresne Quebec, Québec

De retour à l’écriture et à la chanson depuis une vingtaine d’années, Michel Dufresne s’est d’abord illustré comme parolier, notamment à titre de premier lauréat du concours national Chanson pour tes yeux (1999) et de finaliste à l’édition 2005 du Festival en chanson de Petite-Vallée. Il est aussi poète, photographe, vidéaste et animateur à la Télévision d'ici de Côte-de-Beaupré - Île d'Orléans. ... more

contact / help

Contact Michel Dufresne

Streaming and
Download help

Report this album or account

If you like Michel Dufresne, you may also like: