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Le Promeneur

by Michel Dufresne

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1.
Non, ce ne sont que des riens, rien que des petits riens Qui pimentent la vie, qui nous font la vie belle, Juste de petits clins d’oeil qui font sourire un brin Et qui nous font du bien lorsqu’on se les rappelle. Le tout dernier coup de coeur comme le tout premier, Celui qui nous transporte et nous fait chavirer En l’espace d’à peine deux ou trois secondes, Pour un objet sans valeur aussi bien qu’un trésor, Pour une fille en fleur qui nous montre son corps Comme ça simplement, sans trop s’en rendre compte. Non, ce ne sont que des riens, rien que des petits riens (...) Se retrouver soudain seul au beau milieu d’un champ Sous un soleil voilé, sous un ciel menaçant Et entendre le bruit de l’orage qui lève, Retirer tous ses habits et goûter à la pluie, Goûter de tout son corps jusqu’au moindre repli Comme on goûte un bon vin en y trempant ses lèvres. Non, ce ne sont que des riens, rien que des petits riens (...) Découvrir enfin la mer au terme du voyage Quand il flotte sur l’eau comme un léger nuage Avec un phare au loin pareil à une étoile, Mettre ses pieds dans la mer au terme du parcours Quand on n’a jamais vu que sa ville et sa cour, Que l’on n’a vu la mer que sur d’anciennes toiles. Non, ce ne sont que des riens, rien que des petits riens (...)
2.
Il suffit quelquefois d’un avion dans le ciel, Surgi de nulle part et de façon soudaine Entre les tours dorées des plus hauts gratte-ciel, Et nous voilà parti pour des contrées lointaines. Ce sont de courts instants d’une douce euphorie Qui nous font oublier nos multiples problèmes Et nous imaginer devant un plat de riz, Dans une île du sud, parmi d’autres bohèmes. Il suffit quelquefois de propos dans un bar, Entendus par hasard à une heure tardive Entre les notes bleues de quelques blues épars, Et nous voilà plongé dans des visions fictives. Ce sont des liaisons, des amours clandestins, Des intrigues d’argent, des projets de vengeance, Mais qui le plus souvent, le lendemain matin, Se seront dissipés comme tourne la chance. Il suffit quelquefois d’un sourire d’enfant Aperçu dans un parc, un dimanche d’automne, Entre les arbres gris agités par le vent, Et nous voilà conquis par un tout petit homme. Ce sont des souvenirs qui nous vont droit au cœur, Des souvenirs précis de notre propre enfance Et qui nous font l’effet d’une chaude liqueur, Nous laissant démuni, sans aucune défense. Il suffit quelquefois d’un regard anodin Croisé dans une gare en début de semaine, Entre deux cafés noirs en attendant le train, Et nous voilà troublé au plus creux de nous-même.
3.
T’es un artiste, Rien qu’un artiste, Les pieds bien ancrés dans la terre Et les yeux tournés vers la mer... T’es un artiste. T’es un artiste Idéaliste, Avec des rêves, des visions Et quelquefois des illusions... Mais tu persistes. Tu joues avec les mots, les sons, Avec l’espace et la lumière, Tu réinventes nos maisons, Tu t’introduis dans nos chaumières, Tu réécris chaque saison À ta façon, à ta manière. Tu mets de l’orange et du vert Là où il n’y avait que du noir, Des notes blanches sur des vers Qui sommeillaient dans un tiroir Et tu recrées des univers Pour nous redonner de l’espoir. T’es un artiste Sur une liste, Sur une liste de suspects, De gens qu’on surveille de près... T’es un artiste. T’es un artiste Ni gai ni triste, Avec des problèmes d’argent Comme la plupart de nos gens... Mais tu résistes. Tu te méfies des vérités Qu’on nous ressert à tous les soirs À la radio, à la télé Entre deux pubs et deux histoires, Des presque demi-vérités Qui nous ramèn’nt aux années noires. Tu aimerais gagner ta vie Sans être du bord des gagnants, Tout simplement gagner ta vie Comme le font les artisans, Et témoigner pour cette vie Sans devoir être partisan. T’es un artiste, Rien qu’un artiste, Les pieds bien ancrés dans la terre Et les yeux tournés vers la mer... T’es un artiste... Rien qu’un artiste.
4.
Elle habite à deux pas, peut-être à quelques portes, Du moins je le présume à l'observer passer. Dans un petit studio sans doute, mais qu'importe ! Elle est toujours présente à travers mes pensées. Ni jolie ni vilaine, elle a pourtant, si j'ose, Un petit rien du tout qu'on ne peut ignorer. C'est du reste cela, ce petit quelque chose Qui dès le premier jour m'aura fait chavirer. Oui, je suis amoureux de la nuque d'Annick... Annie, Anne ou Anna, car j'ignore son nom. Que pourrais-je ajouter, sinon qu'elle est unique Lorsque je l'aperçois sous son frêle chignon. Matin, midi et soir, semaine après semaine, Elle passe et repasse à portée de ma vue, Sans que j'aie pu savoir où son chemin la mène Et s'il y a parfois quelque part d'imprévu. Sa démarche n'a rien pour détourner les têtes, Elle a le pas discret, le regard un peu froid, Et je n'aurais, pour sûr, jamais perdu la tête N'eût été de ce cou qu'elle porte si droit. Oui, je suis amoureux de la nuque d’Annick (…) Souvent je l'imagine entourée de son monde, Un chat noir, un chat gris, quelques livres épars Et tout près de son lit, sur une mappemonde, Les multiples tracés d'éventuels départs. Je l'imagine encore au piano, qui se penche, Ou à son chevalet, cherchant l'inspiration, Ses cheveux dénoués sur une veste blanche Dissimulant l'objet de ma fascination. Oui, je suis amoureux de la nuque d’Annick (…) Vit-elle vraiment seule ou avec quelqu'un d'autre, A-t-elle ou a-t-elle eu des amours clandestins ? Son histoire, après tout, eût pu être la nôtre, Il eût suffi d'un soir et d'un coup du destin. Oserai-je lui dire, un jour, à quel point j'aime Cet endroit de son corps qu’elle cache à demi, Me retrouvant ainsi dans un nouveau dilemme : Saurais-je me résoudre à n'être qu'un ami ?
5.
Pour un rien 03:48
Tu sais dire, Tu sais faire, Me séduire Et me plaire, Sans rien dire Ni rien faire, Comme ça... Pour un rien. Et je n’ai Qu’à me taire, Qu’à me laisser Distraire, Me laisser Dire et faire, Comme ça... Pour un rien. Juste un peu De Rimmel Et de bleu De pastel À tes yeux Presque ébène, Juste un peu... Juste à peine. Tu sais dire, (...) Et je n’ai (...) Juste un bout De soie verte, Une blouse Entrouverte, Et ton cou Et tes veines, Juste un peu... Juste à peine. Tu sais dire, (...) Et je n’ai (...) Juste un mot, Un silence, Un écho, Ta présence, Et tes joies Et tes peines, Juste assez... Juste à peine. Tu sais dire, (...) Et je n’ai (...)
6.
Toi aussi 04:23
J’aimais bien les voyages Du côté de Percé, Les caps et les rivages Et au loin le rocher, Les sorties sur la plage Au soleil de midi... J’aimais bien les voyages, Tu aimais toi aussi. Ce n’était pas bien sûr Paris ni le Pérou, Ni la Côte d’Azur, C’était juste chez nous. J’aimais bien les voyages Du côté de Tadou, Les ciels de fin d’orage Et le vent du mois d’août, Les sirènes du large Au milieu de la nuit... J’aimais bien les voyages, Tu aimais toi aussi. Ce n’était pas bien sûr (...) J’aimais bien les voyages Du côté de Berthier, Les grandes oies sauvages Et le foin sous nos pieds, Plein de sons et d’images Et plein de poésie... J’aimais bien les voyages, Tu aimais toi aussi. Ce n’était pas bien sûr (...) J’aimais bien les voyages Tout au bout de mon champ, Parfois jusqu’au village Ou celui de Saint-Jean, Le bon pain de ménage Et le vin de cassis... J’aimais bien les voyages, Tu aimais toi aussi. Ce n’était pas bien sûr (...) J’aimais bien les voyages Même sans voyager, Les yeux dans les nuages À toujours te chercher. Je n’avais plus ton âge, Mais c’était comme si... J’aimais bien les voyages, Tu aimais toi aussi.
7.
Le promeneur 03:54
J’entends ses pas sur le pavé, Sur le pavé tout délavé Par les premières pluies d’automne, Lorsque l’été nous abandonne. À peine une série de pas Qui me semblent venir d’en bas, Car je n’ai jamais vu personne, Tout juste des pas qui résonnent. Est-ce un passant, une passante, Quelqu’un de jeune ou d’âge mûr ? Pas même une ombre sur le mur De ce fantôme qui me hante. Est-ce une pauvre itinérante Ou qu’une voisine qui rentre ? Aurai-je une nuit le bonheur De rencontrer ce promeneur ? J’entends ses pas sur le pavé Très tard le soir et au lever, Mais quand je vais à ma fenêtre Pas le moindre signe d’un être. J’ai beau surveiller les intrus Qui déambulent dans ma rue, Je ne vois ni rien ni personne Chaque fois que ses pas résonnent. Est-ce un quidam, une étrangère, Quelqu’un d’ici ou bien d’ailleurs, Un détective ou un voyeur… Ou est-ce moi qui exagère ? Serait-ce une âme revenante Qui nous visite à la brunante ? Aurai-je une nuit le bonheur De rencontrer ce promeneur ? J’entends ses pas sur le pavé, Toujours ses pas sur le pavé, Tandis que passent les semaines Et que l’hiver bientôt s’amène. Puis quelques empreintes de pas, Des traces qui ne restent pas, Des traces qu’on distingue à peine Dans cette neige grise urbaine. Et voilà qu’un soir de novembre, Un soir sans lune et sans néon, J’aperçois devant chez Léon Comme deux phares vert et ambre… Les yeux d’un gros chat de gouttière Adossé contre un mur de pierre, Et je sais qu’enfin j’ai l’honneur De rencontrer mon promeneur.
8.
Imaginez au loin une île Au beau milieu de l’océan, Une île isolée comme une île Qu’on nommerait l’île de vent, Une île de roche et de mousse Avec un dernier pin géant, Une île sans la moindre source, Juste baignée par l’océan. Et sur cette île minuscule, Aucun trésor, aucun secret, À peine un point, une virgule Au bas d’une carte en anglais. Imaginez au loin une île Au beau milieu de l’océan, Une île isolée comme une île Qu’on nommerait l’île de vent, Une île nue comme une dune Dans un désert de moutons blancs, Une île perdue dans la brume, Juste connue des goélands. Et sur cette île minuscule, Pas même une trace de pas, Rien que le sable qui recule Sous chaque vague qui s’abat. Imaginez au loin une île Au beau milieu de l’océan, Une île isolée comme une île Qu’on nommerait l’île de vent, Et toi qui vit au centre-ville, Dans une tour aux quatre vents, Imagine-toi sur cette île Au beau milieu de l’océan... Imagine-toi sur cette île Au beau milieu de l’océan.
9.
Assis face à la mer océane et sereine J’essaie de t’oublier un peu plus chaque fois, Mais la mer est sournoise et le chant des sirènes Me rappelle ton nom et l’écho de ta voix. Y’a quelque chose en toi qui me poursuit sans cesse Et qui me laisse au coeur comme un goût doux-amer, Peut-être le parfum de ton corps... ou serait-ce Tout simplement tes yeux qui contemplaient la mer ? Tes yeux de matin gris quand il flotte une brume Au large des rochers qui protègent le port, Tes yeux de fin du jour quand la mer devient brune Et que le vent se lève ou qu’il change de bord. Assis face à la mer semaine après semaine J’essaie de t’oublier mais je n’y parviens pas, Toujours ce souvenir que la mer me ramène Sans jamais effacer la trace de tes pas. Y’a quelque chose en toi qui me revient sans cesse Et qui me laisse au coeur comme un goût doux-amer, Peut-être cette odeur de ton corps qui me reste... Ou simplement tes mains qui caressaient la mer. Tes mains d’enfant marquée par le ciment des villes Alors que tu rêvais déjà de liberté, Tes mains de femme mûre endurcie par la vie Alors que tu pleurais pour un oiseau blessé. Assis face à la mer depuis trop de semaines J’essaie de t’oublier, j’essaie de t’oublier, Et je nous imagine en route vers le Maine Ou remontant la côte à bord d’un vieux voilier. Y’a quelque chose en toi qui ne veut disparaître Et qui me laisse au coeur comme un goût doux-amer, Peut-être ce parfum, cette odeur... ou peut-être Cet instant d’euphorie quand tu voyais la mer.
10.
C’est tout comme chez soi Mais avec plus de monde, Tous les cafés du monde Ont quelque chose en soi, Un rien que l’on perçoit À des rues à la ronde, De jolies tables rondes Où il fait bon s’asseoir. Un parfum de moka, de vanille ou d’amande Qui vient vous caresser le nez et le palais, Vous transporte au Brésil, sur la côte normande À travers un nuage de crème ou de lait. C’est tout comme chez soi (…) Un air d’harmonica, de jazz ou de musette Qui vous tire l’oreille et fait taper des mains, Vous ramène un instant dans le vingtième siècle Quelque part à Hambourg, Harlem ou Saint-Germain. C’est tout comme chez soi (…) Un regard, une voix que l’on croit reconnaître Au milieu des clients attablés au soleil, Et tous ces cris joyeux fusant d’une fenêtre Jusque tard dans la nuit quand on n’a pas sommeil. C’est tout comme chez soi (…)
11.
Sans Souci 04:38
Je suis passé par Sans Souci, Par Sans Souci en Haïti, À une époque où dans ma vie Je me questionnais sur la vie. Dans le palais de Sans Souci Que le temps avait envahi, J’ai comme tout à coup saisi La vraie mesure de la vie. C’était l’histoire d’un roi noir, Un homme épris de liberté, Mais que l’orgueil et le pouvoir Avaient fini par emporter. Je suis passé par Sans Souci, (...) D’autres depuis se sont levés, D’autres porteurs de mots d’espoir, Et tous se sont mis à rêver Et rêvent encor certains soirs. Je suis passé par Sans Souci, (...) Parfois je songe à ces enfants Que j’ai croisés sur mon chemin, Me demandant s’ils sont vivants Et ce qui les attend demain. Je suis passé par Sans Souci, Par Sans Souci en Haïti…
12.
As-tu toujours ce soleil dans les yeux, Cette lueur qui déclenche les rêves Même les jours où il pleut sur la grève... As-tu toujours ce soleil dans les yeux ? As-tu toujours ce frisson dans la voix, Ce petit rien qui vous tire les larmes Lorsque l’on a déjà le vague à l’âme... As-tu toujours ce frisson dans la voix ? As-tu toujours cette photo de toi, Cette photo de toi nue dans ta chambre, Cette photo prise un jour de décembre...
As-tu toujours cette photo de toi ? As-tu toujours ce joli grain de peau, Ce grain de peau de ton cou, de tes hanches Et ce grain de beauté sur ta peau blanche... As-tu toujours ce joli grain de peau ? As-tu toujours cette odeur de muscat Dans les replis de ton corps salamandre Et cette fleur aux effluves d’amandes... As-tu toujours cette odeur de muscat ? As-tu toujours ces ciels ennuagés Sur ton écran et les murs de ta chambre, Ces fins de jour aux lueurs bleues et ambre... As-tu toujours ces ciels ennuagés ? As-tu toujours ce soleil dans les yeux, Toi qui pourtant aimais tant les nuages, Comme jadis au temps de nos voyages... As-tu toujours ce soleil dans les yeux ?
13.
Un beau moment vite passé Entre deux plages de la vie, Entre deux vies vite croisées Dans une ville. Un beau moment qu’on aimerait Revivre encore dans sa vie, Même dans un lieu sans attrait, Entre deux villes. Sur la terrasse d’un café Quand le soleil est au plus haut, Que tous les gens nous semblent beaux, Qu’on en oublie jusqu’à bouffer. Sur un banc d’une allée perdue Dans un jardin de fin d’été, Quand le temps paraît s’arrêter, Que la ville s’est presque tue. Un beau moment vite passé (...) Dans une salle d’un hôtel Remplie de monde à vous noyer Qui ne fait que se vouvoyer, Que parler d’un tel et d’un tel. Et lorsque parmi tout ce monde, Juste avant de vous retirer, Vous l’apercevez dans l’entrée Ou dans un escalier qui monte. Un beau moment vite passé (...) Dans une gare ou dans un train Qui filerait vers l’infini, Dans le silence de la nuit, Dans le silence du matin. Sur un bateau qui voguerait Sur des eaux grises de brouillard, Au milieu d’un fleuve ou d’un fjord Que l’on aurait gardé secret. Un beau moment vite passé (...)

credits

released November 1, 2010

Paroles et musiques, interprétation vocale
et participation aux arrangements : Michel Dufresne

Arrangements et accompagnements (claviers, guitares, basse, mandoline, batterie et percussions, flûte et effets spéciaux) : Sylvain Dominic Simard

Accordéon (et piano pour "Un beau moment") : Nadia Delisle

Clarinette et saxophone : Martin Desjardins

Violoncelle et ukulélé : Alain Auger

Voix féminine : Sylvie Malenfant

Prise de son, mixage et matriçage : Sylvain Dominic Simard (studio : sydproduction)

Photos : David Gagnon

Conception graphique : Michel Dufresne

Production : Michel Dufresne

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Michel Dufresne Quebec, Québec

De retour à l’écriture et à la chanson depuis une vingtaine d’années, Michel Dufresne s’est d’abord illustré comme parolier, notamment à titre de premier lauréat du concours national Chanson pour tes yeux (1999) et de finaliste à l’édition 2005 du Festival en chanson de Petite-Vallée. Il est aussi poète, photographe, vidéaste et animateur à la Télévision d'ici de Côte-de-Beaupré - Île d'Orléans. ... more

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